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- 2016
Droit et cultures en sol fran?aisDOI: https://doi.org/10.7202/1037513ar Abstract: Le présent article s’inscrit dans le cadre des questionnements existentiels auxquels se livre aujourd’hui toute société la?que désireuse de consolider un vivre-ensemble harmonieux. Plus précisément, il s’intéresse, en premier lieu, au r?le normatif que doivent accorder les systèmes de droit civil au droit religieux, puis à l’impact des règles religieuses sur les femmes dans le contexte de la société fran?aise. Les adeptes de la la?cité stricte à la fran?aise lient généralement ces deux prémisses par la corrélation suivante?: les règles religieuses oppriment les femmes et doivent conséquemment être écartées de l’administration de la justice civile. Afin d’offrir une analyse critique de cette position, cet article s’appuie sur une recherche de terrain auprès de femmes fran?aises juives et musulmanes ayant navigué à travers les systèmes juridiques civil et religieux dans le cadre de procédures de divorce. Les entrevues menées auprès des femmes concernées par ce débat, bien qu’elles ne constituent pas un échantillon exhaustif, suggèrent que l’évacuation totale de tout droit religieux est fondée sur une conception réductrice et inadéquate de la portée réelle des règles religieuses. Les témoignages rapportés dans cet article évoquent un contre-récit pertinent au discours républicain pro-la?cité et démontrent que les normes religieuses peuvent être utilisées, instrumentalisées et réappropriées par les femmes à des fins émancipatrices que le droit civil ne permet pas forcément. Ce constat n’affecte pas les objectifs normatifs de la la?cité. Il met toutefois en garde contre la simplification à outrance du rapport qu’entretiennent femmes et religion et milite en faveur d’une compréhension
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