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Théatralité et narration : Le Bonheur dans le crime de Barbey d’AurevillyAbstract: C’est de l’imbrication du narratif et du théatral, de la cohabitation entre récit et spectacle, entre raconter et voir que cet article, prenant pour exemple Le Bonheur dans le crime de Barbey d’Aurevilly, se propose de rendre compte. Ce qui donne un statut particulier à la troisième Diabolique dans l’optique de la théatralité, c’est que l’intrigue repose ici entièrement sur le jeu de théatre auquel se prêtent les personnages et sans lequel, au fond, le récit n’existerait pas. En fait, toute l’originalité de l’histoire réside dans son association à la représentation théatrale. Il s’ensuit que l’acte de raconter (dans une uvre de création) se trouve garanti par l’existence d’une fiction et plus spécialement d’un spectacle. Autant dire que le récit n’est possible ici que dans la mesure où il procède à sa propre dramatisation : la mise en intrigue s’assimile à la nature théatrale des faits rapportés ; ce qui représente emprunte sa stratégie à ce qui est représenté. L’article s’attache à examiner le rapport singulier qu’entretiennent narration et théatre et vise à dégager les implications qui en résultent. Si le récit de la nouvelle donne à voir, grace à sa théatralité, plus qu’il ne révèle par l’encha nement des événements, c’est que la narration semble se donner comme objectif de dénoncer l’impuissance de l’écriture du roman réaliste, au profit d’une prétention à l’exemplarité moralisatrice, conformément à la poétique de la tragédie. Cependant, l’épuration cathartique par la lecture, énoncée dès la préface des Diaboliques et suggérée par la théatralisation intensive du récit, ne se trouve-t-elle pas démentie par un dénouement qui semble saboter les principes mêmes du régime tragique ? Taking as its example Le Bonheur dans le crime by Barbey d’Aurevilly, this article proposes to discuss the interconnectedness of narrative and theater, the cohabitation of story and performance, and the relationship between “telling” and “seeing”. What lends the third Diabolique its importance in terms of theatricality is the reliance of its plot on the interplay of theater, without which, in the final analysis, the narrative would not exist. Indeed, the originality of the story resides in its association to a theatrical representation. It follows that, in a fictional work, the act of narration is guaranteed by virtue of the existence of fiction. In other words, the story is possible only in so far as it dramatizes itself. This means that what the narrative represents draws its strategy from what is represented. The article will examine the peculiar relationship esta
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