|
Intertextualité et humour dans Le taureau blanc de VoltaireAbstract: Jugeant que l’intertextualité et l’humour impliquent l’un et l’autre une hétérogénéité discursive, nous avons choisi de les ana-lyser dans un conte où Voltaire a emprunté à l’Ancien Testament son bestiaire et une partie de ses personnages pour suggérer, en jouant avec le merveilleux, que la Bible n’est qu’une fable parmi d’autres.Mais à c té de l’intention satirique et polémique, de la désacrali-sation par le travestissement burlesque, il y a place pour le dérègle-ment ludique et la féérie. A c té du message explicite de l’énoncé se fait jour le charme discret de l’énonciation.La fantaisie du conteur s’exerce sur des réminiscences bibliques en produisant de constants décalages qui, pour un lecteur complice, sont source d’humour : situations inattendues, comportements surpre-nants, dérapages chronologiques, pastiches insolites, paralogismes, disparates stylistiques, jeu entre le dit et le non dit.Quand le conteur brode sur le canevas d’un imaginaire ancien des aventures cocasses, quand il tient avec impassibilité un discours incongru, en mimant le plus grand naturel malgré la présence d’incompatibilités arbitraires et de décrochages, il crée, par l’alliance de la virtuosité et de la feinte na veté dans l’usage des allusions inter-textuelles, un univers étrange, d’une poésie surréelle.
|