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Noyades, fusillades, exécutions : les mises à mort des brigands entre justice et massacres en Loire-Inférieure en l’an II.Keywords: massacre , justice d’exception , Noyades de Nantes , Guerre de Vendée Abstract: Les mises à mort des brigands à Nantes et dans le département de Loire-Inférieure en 1793 – 1794 se caractérisent par la juxtaposition de dispositifs répressifs très divers, autorisées par la doctrine juridique classique et par les usages répressifs de l’Ancien régime, qui vont de la justice d’exception à d’authentiques meurtres de masse, dont les noyades de Nantes sont les plus fameuses. Loin d’exprimer l’essence d’une improbable logique révolutionnaire , les violences de masse nantaises révèlent les concurrences des ambitions et des légitimités dans un contexte de guerre civile. Le recours au massacre fonctionne ainsi comme un instrument politique permettant à certaines autorités républicaines de s’attribuer l’exercice de la Souveraineté, en démontrant leur faculté de dire l’exception aux lois et en désignant amis et ennemis . La publicité des violences de masse et l’appel aux communautés rurales à participer à la recherche et destruction des bandes rebelles visent à fonder dans le sang l’adhésion des populations à la République. Cependant, les violences extrêmes, instrumentalisées par les luttes de pouvoir, échouent à susciter une telle adhésion. The killings of the brigands in Nantes and in the département of the Loire Inférieure in 1793-1794 were marked by the juxtaposition of diverse and varied repressive plans, allowed by the usual legal doctrine and by the repressive customs of the Ancien Régime, which ranged from exceptional justice to genuine mass murders, among which Nantes drownings were the most famous. Far from expressing the essence of an unlikely revolutionary logic, acts of mass violence in Nantes revealed rival ambitions and legitimacies in the context of a civil war. Thus, resorting to massacre worked as a political tool enabling some republican authorities to take over the exercice of sovereignty by showing their ability to claim the exception to the law and by naming ‘friends’ and ‘enemies’. Publicizing acts of mass violence and calling to rural communities to take part in the search and destruction of rebellious gangs aimed at founding the people’s support to the Republic in blood. Yet, acts of extreme violence, exploited by struggles for power, failed to generate such support.
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