Mal du siècle et mal du lieu : bovarysme et romantisme mêlés dans les deux grands romans modernes de Flaubert

Cet article tente, à partir d’une comparaison d’ensemble entre les deux grands romans modernes de Flaubert, Madame Bovary et L’éducation sentimentale, et d’une superposition d’exemples significatifs empruntés à chacun d’eux, de montrer que la série des contrastes qui viennent tout de suite à l’esprit ne doit pas dissimuler des variations subtiles autour des mêmes schémas narratifs et des mêmes paysages psychiques : aussi bien pour ce qui est du p le négatif des ridicules ( bovarysme impénitent de Frédéric) et des infortunes (analogies entre les épreuves traversées, notamment en matière d’ éducation sentimentale ) que pour ce qui est du p le du positif — plus implicite chez Flaubert — incluant une sorte de principe de réhabilitation partielle des premiers plans et la permanence de tout un romantisme de la singularité, de la révolte, de l’élection par le malheur, de la passion, du désir. With a global comparison between Flaubert’s two chief modern novels, Madame Bovary and L’éducation sentimentale, and a superposition of suggestive examples taken from both of them, this article intends to prove that the sequence of contrasts that firstly appear must not conceal the subtle variations on the same narrative patterns and the same psychological climates. We can notice this phenomena as well as for the negative poles of ridiculous features (Frederic’s impenitent “bovarysme”) and misfortunes (analogies between the trials that have to be faced by the heroes — especially those of the “sentimental journey”), as for the positive pole — more implicit in Flaubert’s prose — that implies a kind of partial rehabilitation principle of the main characters, and the persistence of romanticism, a whole romanticism with singularity, revolt, election through unhappiness, passion and desire.