Du réel dans l'irréel : la formule hypothétique sans si et avec et

Dans une perspective typologique, le mode conditionnel est très souvent associé à l'irrealis. Il en va de même de la construction hypothétique avec si. Pourtant, dans le domaine de l'imaginaire du présent ou du passé, le verbe principal peut être à l'indicatif quand il s'agit d'indiquer une conséquence infaillible, ce qui suggère que la conséquence peut se voir accorder un statut plus réel dans le cadre global de ce qui est toujours un non-fait au moment de l'énonciation. A part le recours à un moyen purement grammatical pour avancer l'idée d'une conséquence inévitable, fort probable ou imminente, il existe la possibilité de coordination de deux propositions (sans si), susceptibles de correspondre à des formules conditionnelles ou temporelles. Il en ressort que l'idée d'une conséquence plus facilement et inévitablement 'concrétisable' peut être promue aussi par un moyen lexical (en l'occurrence, la conjonction et). La possibilité de tels schémas suggère également que l'opposition binaire realis - irrealis n'est pas toujours opératoire : le fait de vouloir présenter certaines conséquences comme plus inévitables que d'autres indique une tendance à évaluer le c té réel de la conséquence. L'objectif de la présente étude est d'enquêter sur le modèle de la phrase conditionnelle dépourvue de l'adverbe hypothétique si dans la protase et contenant la conjonction de coordination et dans l'apodose pour évaluer sa part dans la relativisation de l'irréel.