Le recours aux catégories dans la gestion du choix au cours d’un repas au restaurant

Ce travail, ancré dans le champ de l’Analyse Conversationnelle (Sacks, 1992), s’intéresse à une question centrale à laquelle les clients sont perpétuellement confrontés lors de la prise d’un repas au restaurant : le choix. Plus précisément, nous nous intéressons à son caractère situé et à son déploiement en interaction en nous basant sur un corpus audiovisuel collecté en situation naturelle de production, lors de repas au restaurant, afin d’étudier la parole-en-interaction telle qu’elle est localement produite et organisée par les participants (Heath, Hindmarsch & Luff, 2010). Après avoir exposé le lien entre identité et alimentation et la notion de catégorisation telle qu’elle a été développée en Analyse Conversationnelle, nous proposerons deux analyses de séquences de prise de commande pendant lesquelles les choix des clients sont discutés et négociés avec le sommelier ou le serveur. Grace à des analyses séquentielles basées sur des transcriptions fines, nous soulignerons que les participants à l’interaction manifestent de fa on reconnaissable qui ils sont (clients experts, non experts, habitués...) afin d’organiser de fa on intelligible leurs actions et de permettre à leurs partenaires de s’y ajuster. Nous analyserons finement les catégories utilisées par les participants, et nous décrirons les différents procédés mobilisés afin d’organiser et d’orienter la prise de commande. Ainsi, dans un premier extrait, nous verrons que les clients s’orientent, tout d’abord, vers l’exhibition de leur propre identité, tandis que dans un deuxième extrait, c’est le plat à la carte qui fait l’objet d’une première catégorisation. L’ensemble de ce travail nous permettra de montrer que les catégories sont structurantes pour l’organisation du choix et que leur déploiement séquentiel au cours de l’interaction est constitutif des affiliations ou des désaffiliations lors de la prise de commande.