Sens et enjeux d’un interdit alimentaire dans le juda sme Food taboos in Judaism: the example of Ashkenazi Jews in London

Cet article porte sur la manière dont la prohibition de mêler nourritures lactées et carnées dans le juda sme se matérialise par les objets de la cuisine et leurs usages quotidiens, à partir d’une recherche réalisée à Londres auprès de couples juifs ashkénazes qui se définissent presque tous comme orthodoxes (modern orthodox) et dont la scolarisation dans des écoles juives a parfois pu contribuer à revivifier les pratiques religieuses. Par delà la diversité des habitudes culinaires et de leurs formes (ex : végétarisme), par delà les éventuelles variations individuelles de l’observance religieuse au cours du cycle de vie, l’interdit alimentaire de mêler lait et viande est respecté par l’ensemble des personnes rencontrées. Il s’agit alors d’en comprendre le sens et la portée. Les conséquences matérielles de cet interdit alimentaire permettent de saisir l’importance de la religion dans le logement et les activités de tous les jours. Elles conduisent à articuler le plan matériel et le plan symbolique en suggérant une interprétation anthropologique de cette prohibition, en lien avec les écrits bibliques et les analyses déjà menées sur le sujet. This article is based upon research on Ashkenazi Jewish families living in London. It deals with the way, in Juda sm, the prohibition of eating meat and dairy foods together is materialised through the use of kitchen utensils on a day to day basis. Material consequences of this dietary law allow us to understand the importance of religion in the Jewish home and in everyday life. Consequences which lead to the linking of material uses and their symbolic significance by suggesting an anthropological interpretation of this dietary law in accordance with Biblical writings.