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EspacesTemps.net 2005
Michel Foucault and Francophone geography.Abstract: L’enthousiasme pour la pensée et les écrits de Michel Foucault parmi les géographes anglophones s’oppose au manque certain d’enthousiasme, voir de déni total, parmi leurs collègues francophones. Alors que Foucault est cité très largement dans la littérature contemporaine anglophone au sein des sciences sociales, il demeure marginal pour la grande majorité des géographes travaillant et publiant en fran ais. Malgré l’entrevue de Foucault publiée dans la revue Hérodote en 1976 qui paraissait jeter un pont entre les disciplines, les géographes francophones ont peu lu et peu utilisé ses propositions pour les sciences sociales et politiques. De plus, comme les approches politiques en géographie ont eu relativement peu d’écho pour de multiples raisons, les rares travaux existants comme le livre Espace et pouvoir (1978) de Paul Claval ou La géographie a sert, d’abord, à faire la guerre (1976) de Yves Lacoste ne sont pas influencés par les apports de Foucault. Cet article se propose de faire état de la situation par une revue et un examen de la littérature existante, complétée par des entretiens de géographes contemporains. Les uvres choisies reflètent les rares utilisations explicites de Foucault par des géographes francophones. L’accent est mis plus particulièrement sur Pour une géographie du pouvoir , écrit en 1980 par Claude Raffestin, ainsi que sur ses articles plus tardifs sur le territoire et la territorialité. L’analyse propose que cet essai d’adapter un certain nombre des propositions de Foucault au contexte de la géographie a été écarté et ignoré, malgré son grand intérêt, pour un certain nombre de raisons institutionnelles, conceptuelles et personnelles. Suivant la piste de Foucault dans une approche tant épistémologique que sociologique, l’article examine d’autres apports de géographes fréquentant des lieux éloignés des luttes de pouvoir du monde académique fran ais, explorant brièvement le travail de géographes québécois et suisses, fruits d’une nouvelle génération de penseurs francophones. L’auteure propose que de telles approches du politique méritent un public et un débat plus larges, spécifiquement en ce qu’ils sont différents des approches foucaldiennes anglophones qui sombrent souvent dans un moule homogène et totalisant. The enthusiasm for Michel Foucault among Anglo geographers is in stark contrast to the surprising lack of interest among their Francophone counterparts. Despite the seminal interview of 1976 published in Hérodote that appeared to build a bridge between disciplines, Francophone geographers have rarely read and used his work.
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