%0 Journal Article %T ¨¦criture de soi et prose d'id¨¦es : l'exemple des M¨¦moires de Jean-Fran ois Marmontel %A Anne Coudreuse %J Cahiers de Narratologie %D 2008 %I CIRCPLES %R 10.4000/narratologie.625 %X Poser la question de l¡¯articulation entre l¡¯¨¦criture de soi et la prose d¡¯id¨¦es en s¡¯appuyant sur l¡¯exemple des M¨¦moires de Marmontel, c¡¯est s¡¯interroger plus globalement sur la possibilit¨¦ d¡¯une pens¨¦e des larmes, si l¡¯on peut dire. Il s¡¯agit de savoir si, quand on pleure ou que l¡¯on fait pleurer, on peut encore penser. Dans ce XVIIIe si¨¨cle qui vit triompher la raison des Lumi¨¨res, mais aussi le go t des larmes du public, il semble bien que le path¨¦tique se soit mis au service de strat¨¦gies argumentatives extr¨ºmement retorses et efficaces. Le r¨¦cit de Marmontel fournit un exemple tr¨¨s particulier de dialogisme, en particulier dans sa construction qui oppose, tr¨¨s sch¨¦matiquement, la vie priv¨¦e dans la premi¨¨re partie et la vie publique dans la seconde, en faisant entendre deux jugements contradictoires par la m¨ºme voix, incapable paradoxalement de voir dans les ¨¦v¨¦nements de la R¨¦volution le r¨¦sultat des combats id¨¦ologiques de tout le si¨¨cle. Si comme l¡¯affirme Diderot, dans le Paradoxe sur le com¨¦dien, les larmes du com¨¦dien coulent de son cerveau , il semble que les id¨¦es du philosophe aient la m¨ºme source que ses larmes. Tenir le registre de ses ¨¦motions et de sa vie priv¨¦e est donc une pratique qui a ¨¤ voir avec l¡¯¨¦laboration intellectuelle et sp¨¦culative, car c¡¯est une fa on d¡¯instaurer un dialogue avec toutes les figures importantes d¡¯un si¨¨cle auquel Marmontel ne survivra pas, puisqu¡¯il meurt en 1799. ¡°Autobiographical writing and the prose of ideas, as exemplified by Jean-Fran ois Marmontel¡¯s M¨¦moires¡±Asking what the relationship is between autobiographical writing and the prose of ideas by using Marmontel¡¯s M¨¦moires as an example amounts to pondering the more general question of the possibility of a so-called teary thought. It is about knowing whether, when one cries or is made to cry, one can still think. During the 18th century, when the public developed a taste for tears despite the triumph of reason in the Age of Enlightenment, it seems that pathos was used for rather crafty and resourceful argumentative purposes. Marmontel¡¯s narrative offers a very distinct example of dialogism, particularly in its structure, which very schematically opposes private life in the first part and public life in the second part by making two contradictory opinions heard through the same voice. This voice is paradoxically unable to see the consequences of the century long ideological battles in the events of the French Revolution. If ¡°the actor¡¯s tears flow from his intellect¡±, as Diderot claims in the Paradoxe Sur le Com¨¦dien, it seems that the philosophe %K m¨¦moires %K ecriture de soi %K autobiographie %K path¨¦tique %K larmes %U http://narratologie.revues.org/625