%0 Journal Article %T Bouvard et P¨¦cuchet et le ruban de M bius. Variation math¨¦matique sur le d¨¦sir %A Florence Pellegrini %J Flaubert : Revue Critique et G¨¦n¨¦tique %D 2010 %I Institut des Textes & Manuscrits Modernes (ITEM) %X Lorsqu¡¯ils se rencontrent par un apr¨¨s-midi de dimanche d¨¦s uvr¨¦ sur le d¨¦sertique boulevard Bourdon, Bouvard et P¨¦cuchet connaissent le s¨¦isme d¡¯un coup de foudre. Compl¨¦mentaires, antith¨¦tiques mais harmoniques, le veuf sans enfants et le c¨¦libataire r¨¦solvent la solitude de leurs existences dans cette providentielle rencontre qui les accouple d¨¦finitivement : protagoniste bic¨¦phale, Bouvard et P¨¦cuchet constituent une entit¨¦ ins¨¦cable fonctionnant par renvois, correspondances, sym¨¦tries invers¨¦es. On a beaucoup glos¨¦ sur l¡¯homosexualit¨¦ suppos¨¦e des personnages. Toujours ensemble, jusqu¡¯au plus intime de leur chambre communicante ¨¤ d¨¦faut d¡¯¨ºtre commune, contraires s¡¯attirant jusqu¡¯¨¤ se fondre, les deux h¨¦ros pourraient se perdre en eux-m¨ºmes, tout ¨¤ leur domesticit¨¦ conjugale . Chacun se voit pourtant attribuer une aventure sentimentale autonome : au blagueur Bouvard, la veuve Bordin sangl¨¦e dans sa robe de soie gorge-pigeon ; au timide P¨¦cuchet, puceau tardif et ind¨¦cis, la petite bonne M¨¦lie, qui ne tardera pas ¨¤ lui transmettre la syphilis.Toutefois ces aventures comptent peu dans l¡¯¨¦conomie globale du roman. Ou plut t comptent au m¨ºme titre que les innombrables exp¨¦riences auxquelles se livrent les bonshommes dont le seul v¨¦ritable d¨¦sir semble bien ¨ºtre un d¨¦sir de connaissance. Tels de nouveaux Fr¨¦d¨¦ric Moreau dont le d¨¦sir de poss¨¦der physiquement Marie Arnoux est comme r¨¦sorb¨¦ ¨C transcend¨¦ ? ¨C dans une curiosit¨¦ douloureuse qui n¡¯avait pas de limites , Bouvard et P¨¦cuchet semblent pass¨¦s ma tres dans l¡¯art du d¨¦placement et de la sublimation. Rendus dans un au-del¨¤ du d¨¦sir qui pourrait bien ¨ºtre un absolu du d¨¦sir, les personnages nourrissent leur libido sciendi de la mutabilit¨¦ de ses objets. Amants inconstants ou amateurs vell¨¦itaires d¨¦courag¨¦s ¨¤ la premi¨¨re difficult¨¦ ¨C l¡¯¨¦chec les d¨¦tourne de l¡¯objet de leur qu¨ºte ¨C, ils puisent, dans l¡¯inassouvissement m¨ºme de leur passion, une ¨¦nergie renouvel¨¦e et jamais tarie. D¨¦niant le temps qui n¡¯¨¦mousse en rien leur vigueur, ces Dom Juan du savoir reconvertis en ¨¦ternels Ch¨¦rubin inaugurent, au terme de leur parcours exp¨¦rimental, le mouvement perp¨¦tuel qui maintient intact leur ¨¦lan.La structure si particuli¨¨re de Bouvard et P¨¦cuchet, dont la circularit¨¦ parfaite est susceptible d¡¯efflorescences mitotiques infinies, tient de la curiosit¨¦ topologique. V¨¦ritable ruban de M bius du d¨¦sir, le cheminement de Bouvard et P¨¦cuchet, clos sur lui-m¨ºme et pourtant prolif¨¦rant, est cette dynamique prot¨¦iforme, paradoxale, progression immobile ou pi¨¦tinement actif, conqu¨¦rante ¨¤ force d¡¯insatisfaction %K Flaubert Gustave %K Bouvard et P¨¦cuchet %K style %K desire %K structure %K energy %K non-fulfillment %K Flaubert Gustave %K Bouvard et P¨¦cuchet %K style %K d¨¦sir %K structure %K ¨¦nergie %K inassouvissement %U http://flaubert.revues.org/952