%0 Journal Article %T Dans quelle mesure l¡¯ath¨¦isme est-il inacceptable pour l¡¯auteur du Theophrastus redivivus et pour Spinoza ? %A Nicole Gengoux %J Les Dossiers du Grihl %D 2012 %I Groupe de Recherches Interdisciplinaires sur l'Histoire du Litt¨¦raire - CRH %R 10.4000/dossiersgrihl.5454 %X Un probl¨¨me pos¨¦ par le Theophrastus redivivus, trait¨¦ anonyme achev¨¦ en 1659, mat¨¦rialiste et ath¨¦e (au sens actuel du terme), est que l¡¯auteur tout en critiquant radicalement la croyance en dieu, affirme qu¡¯il faut chasser l¡¯ath¨¦isme de la cit¨¦. Son ath¨¦isme est pourtant pensable : non seulement le mot n¡¯est pas anachronique pour le xviie si¨¨cle, comme le pensent de nombreux commentateurs, mais le trait¨¦ lui-m¨ºme fait la g¨¦n¨¦alogie de la croyance tout en exposant un syst¨¨me de pens¨¦e coh¨¦rent qui se passe de dieu.Le rejet du terme ath¨¦isme est d¡¯ordre moral et social car il d¨¦signe celui qui se laisse entra ner par ses instincts. L¡¯auteur nous pr¨¦vient, en quelque sorte, que ce n¡¯est pas parce qu¡¯il nie les dieux qu¡¯il n¡¯est pas respectueux des lois. Cependant, l¡¯ inacceptabilit¨¦ du terme ath¨¦e a aussi un sens plus profond : comment, en effet, concilier l¡¯ordre social et l¡¯absence d¡¯un Bien et d¡¯un Mal absolus ? Certes le trait¨¦ propose une solution purement naturelle en fondant la morale sur l¡¯amour de soi, mais comment le faire comprendre ? C¡¯est peu acceptable au sens de compr¨¦hensible .Nous pouvons distinguer des degr¨¦s d¡¯inacceptabilit¨¦ : l¡¯amoralisme th¨¦orique para t plus inacceptable, encore, que l¡¯affirmation de l¡¯inexistence de dieu, parce qu¡¯il risque d¡¯entra ner la d¨¦sob¨¦issance civile : c¡¯est cette derni¨¨re qui constitue l¡¯inacceptable absolu, pour notre Anonyme comme pour les lecteurs. Une cons¨¦quence paradoxale est que la th¨¨se de l¡¯imposture des religions est peut-¨ºtre, pour des raisons politiques, moins inacceptable que cet amoralisme et surtout que le constat par l¡¯Anonyme de l¡¯inefficacit¨¦ totale des religions. Enfin, les choses pouvant ¨ºtre dites plus ou moins haut, l¡¯acceptabilit¨¦ suppose plus de complicit¨¦ et d¡¯hypocrisie de la part du lecteur que nous aurions tendance ¨¤ le penser. Dix ans plus tard, le n¨¦cessitarisme de Spinoza, par del¨¤ des diff¨¦rences notables (pr¨¦sence du terme de Dieu chez Spinoza pour d¨¦signer la nature) pr¨¦sente des similitudes avec le syst¨¨me du Theophrastus redivivus. Aussi son m¨ºme rejet de l¡¯ath¨¦e parce qu¡¯il ne contr lerait pas ses instincts permet de mieux comprendre celui de notre Anonyme : point de strat¨¦gie de dissimulation, non plus, chez Spinoza, mais une volont¨¦ de se faire comprendre fond¨¦e sur une anthropologie nouvelle o¨´ pensable se confond avec communicable . Le caract¨¨re inacceptable de l¡¯ath¨¦isme parce que non compr¨¦hensible, donc incommunicable, ajoute alors ¨¤ son caract¨¨re social, un caract¨¨re intellectuel lequel explique peut-¨ºtre pourquoi il est aussi v %K belief %K atheism %K unbelief %K unacceptable %K wisdom %K politicalandreligious imposture. immorality %K unthinkable %K ununderstandable %K uncommunicable %K croyance %K ath¨¦isme %K sagesse %K incroyance %K inacceptable %K imposture des religions %K immoralit¨¦ %K d¨¦sordre social %K impensable %K incompr¨¦hensible %K incommunicable %U http://dossiersgrihl.revues.org/5454